À travers le dessin et la peinture, j'explore la notion d'une nature à la fois résiliente et en proie à des conflits internes. Mon intérêt se porte sur la relation asymétrique entre l’humain et le Système-Terre, soulevant des interrogations sur la résolution du problème humain et les sacrifices qu'elle implique. Si la nature a engendré Sapiens, elle possède également la capacité de s'en défaire.
Ma pratique artistique s’inscrit dans une tradition picturale étroitement liée à l’histoire de l’art, tout en la réinterrogeant à travers le prisme de notre époque. Elle puise dans l’imaginaire collectif pour explorer les tensions propres à l’expérience humaine, à la fois éphémère dans sa nature et durable dans ses conséquences. Sur le plan formel, mon œuvre réactive certains codes de l’esthétique romantique — exaltation du sublime, fascination pour la ruine, mélancolie du paysage — tout en y injectant une sensibilité surréaliste, où l’onirisme et l’étrangeté ouvrent de nouvelles lectures.
La matérialité même de la peinture, par sa durabilité, me relie aux cinq siècles de création qui me précèdent autant qu’elle me projette vers l’inconnu des cinq prochains. En cela, mes paysages — à la fois intérieurs et universels — interrogent la place de l’humain dans le continuum du temps, au sein d’un monde suspendu au bord du gouffre. J’y perçois des fantômes, des ruines, des oiseaux de malheur et des fissures ardentes, symboles révélateurs de notre condition.
Bien que la conception de la fin du monde ait longtemps été appréhendée à travers des prismes métaphysiques, elle s’inscrit désormais dans les conséquences tangibles de l'intervention humaine. À l’effondrement des perspectives et à l’aveuglement persistant face à la menace, mon iconographie tisse un lien entre inquiétude et contemplation, comme une manière silencieuse de saisir l'irréversible.